Intelligence artificielle et travail humain…
#artificialintelligence | excellent prisme sur la question de l’intelligence artificielle dans nos modèles de travail humain. Et si en effet, on regardait l’intelligence artificielle comme une opportunité de dessiner le nouveau modèle économique que tout le monde attend désormais ? Et si ce nouveau modèle économique ne pouvait s’affranchir du plein emploi ? C’est toute la question et le paradoxe qui nous anime au quotidien. En savoir plus ? Contactez-moi !
Comment l’intelligence artificielle oblige à repenser notre modèle social
Chronique Vera la DRH virtuelle, Watson l’assistant-gestionnaire de mails, Alphonse le styliste… Le recours à l’IA dans les entreprises aurait, à l’échelle mondiale, augmenté de 270% entre 2015 et 2018.
L’intelligence artificielle (IA) est plus que jamais au coeur des débats sur la transformation sociale et suscite des positions opposées sur le sort du travail selon que l’on accueille ces technologies avec optimisme ou non.
Pas de disparition du travail humain
Parmi de nombreuses études, l’édition 2019 de l’OCDE sur les perspectives de l’emploi estime que 32% des emplois pourraient être transformés dans les 15 à 20 ans à venir, mais que 14% d’entre eux pourraient disparaître. Une étude publiée en juin 2019 du National Bureau of Economic Research, l’équivalent de l’Insee américain, constate que sur la période 1987/2017, la part de travail humain dans la production a diminué de 10%. Toutefois, en guise de conclusion prudente, les chercheurs affirment que leurs analyses relatives aux bouleversements technologiques à l’oeuvre ne militent pas en faveur de la disparition du travail humain, pas plus qu’à son accroissement éventuel .
Si le principe schumpetérien de destruction créatrice ne semble pas fondamentalement remis en cause, il est néanmoins acquis que la partie « création d’emplois » ne s’effectue pas au profit des mêmes catégories d’emplois. Un phénomène de polarisation est constaté de manière générale dans les économies occidentales, au détriment des emplois moyennement qualifiés, ce qui amplifie corrélativement la crainte du déclassement et l’anxiété légitime des citoyens.
Quel que soit leur niveau d’optimisme au titre de l’avenir du travail, les rapports concluent tous à la nécessité de renforcer les politiques publiques de l’éducation et surtout la formation des adultes confrontés à l’obsolescence des compétences qui s’opère tous les cinq ans au lieu de tous les trente ans !
Outre les évolutions impactant le sort du salarié traditionnel au sein des entreprises, l’OCDE observe le développement de formes atypiques de travail tel le travail indépendant à raison du déploiement de plates-formes de mises en relation. Encore une évolution causée directement par la technologie qui affecte notre conception de ce que travailler veut dire et qui suscite des polémiques virulentes, attestant de la profondeur des transformations en cours.
L’ensemble de ces circonstances explique les perturbations que notre modèle social traverse, bâti après-guerre sur le tout salariat, forme hégémonique de l’accomplissement du travail. Nous sommes contraints, désormais, de repenser le travail sous toutes ses formes, sur ses modes d’organisation, dans un contexte de mobilité permanente et d’accélération du temps comme des besoins.
Veiller à la protection sociale
Mais l’enjeu qui mérite la mobilisation de toutes les énergies est celui de l’accès aux protections sociales au sens large, conduisant inéluctablement à abattre les cloisons entre les statuts. Il est probable que l’on conçoive un monde où désormais ce n’est pas le travail qui doit être uniforme pour acquérir des droits mais, à l’inverse, sa diversité d’expression doit conduire vers l’uniformisation de l’acquisition de droits sociaux.
Se préparer aux évolutions et transformations qui se dessinent implique une part d’imagination pour nous défaire de nos représentations corsetées afin de définir l’organisation économique et sociale compatible avec les canons du XXIème siècle. C’est à ce prix que l’on évitera d’être des « subissants ».
Cette chronique vous est proposée par le Club des juristes.
Par Emmanuelle Barbara, associée- senior partner chez August Debouzy, membre du Club des juristes.