La culture d’entreprise, puissant levier de la performance financière des entreprises
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Comment doper culture d’entreprise et performance financière
Si une écrasante majorité des dirigeants d’entreprise – 93 % selon une étude publiée en début d’année par Grant Thornton et Oxford Economics – est convaincue que l’investissement dans la culture d’entreprise conduit à une amélioration incontestable des résultats financiers de la société, 69 % assurent être incapables de la mesurer. Cet écart explique en grande partie le scepticisme affiché par les employés qui ne sont que 51 % à comprendre la vision et les objectifs de leur organisation. Cette enquête, portant sur 1.000 dirigeants et employés américains appartenant à cinq secteurs d’activité, apporte un éclairage nouveau sur la relation entre culture et profit en tentant de quantifier cette relation au travers du « return on culture », ou rendement de la culture .
La culture y est définie par cinq paramètres : l’environnement et le cadre de travail (dont la pondération est fixée à 14 %), le sens de la communauté (24 %), l’implication et l’investissement des dirigeants dans le capital humain (23 %), le système de valeurs (22 %) et la diversité (17 %). Ces paramètres agissent sur trois vecteurs non financiers de performance constitués par le niveau effectif de collaboration, la satisfaction client, et l’engagement et la motivation des employés. Eux-mêmes se traduisent par trois indices clefs de performance, 3 « KPI » : le travail en équipe à l’intérieur de l’entreprise, le taux de fidélisation de la clientèle et le ratio de rotation du personnel.
L’étude mentionne, par exemple, qu’ un accroissement du taux de rétention des salariés , résultant d’une amélioration de la culture au sein de l’entreprise, conduit à une économie annuelle moyenne de 156 millions de dollars pour les entreprises du S&P 500. Il apparaît également que les dirigeants surestiment globalement l’importance du cadre de travail et qu’ils sous-estiment au contraire la rentabilité des programmes de formation.
Humilité et largeur d’esprit
L’impact d’une bonne culture d’entreprise, bien communiquée et bien vécue, est impressionnant tant sur la croissance – 1,5 fois plus de chances d’atteindre une croissance supérieure à 15 % au cours des trois dernières années – que sur le cours des actions – 2,5 fois plus de chances d’enregistrer des niveaux supérieurs à la moyenne.
Même si l’étude de Grant Thornton et d’Oxford Economics ne répond que partiellement et imparfaitement à la problématique complexe du rapport entre culture d’entreprise et performance financière, elle a le grand mérite de proposer une méthodologie pertinente, et de sensibiliser les dirigeants au problème de la mesure et de la quantification du lien entre culture et performance. A l’évidence, développer une culture qui optimise la performance financière n’est pas une tâche aisée. Humilité, largeur d’esprit, patience et volonté sont indispensables, autant de qualités souvent difficiles à trouver dans bon nombre d’organisations.
Marc Bertonèche, professeur des universités et enseignant à Oxford, HEC et au Collège des Ingénieurs.